Spa, carrefour de l'Europe des Lumières

La station thermale de Spa enregistrait au XVIIIe siècle ses visiteurs sur des
Listes des Seigneurs et Dames qui constituent un document exceptionnel sur les
rencontres et les échanges où s’exerce la mondanité des Lumières. Écrivaines
et bas-bleus occupent dans cette galerie une place importante, tandis que se
croisent de manière inattendue penseurs, savants ou artistes. La politique
anime plus d’une page de la chronique spadoise. L’Irlande et l’Angleterre sont
spécialement concernées, avec le côtoiement des catholiques et protestants, ou
les affrontements suscités par la guerre d’Indépendance américaine. Le « Café
de l’Europe » ne fut donc pas qu’un microcosme frivole adonné au biribi ou à
la thérapie du « spleen » et des troubles de la « sensibilité ». Le spectacle
indécent des immenses fortunes livrées aux tables de jeux, comme les défis que
lance une sexualité à tout-va, dans le tourniquet aristocratique des liaisons
dangereuses, composent un théâtre d’ombres où se jouerait le crépuscule d’un
régime.