La guerre des saints

Michela Murgia

Seuil

  • Conseillé par
    6 janvier 2013

    A Crabas, un petit village côtier de Sardaigne, Maurizio passe son été chez ses grands-parents comme à l'accoutumée. Agé de dix ans, il profite de ces deux mois pour jouer avec Giulio et Franco. A Crabas, il aime quand passée une certaine heure les vieux sortent les chaises devant les maisons pour raconter des histoires anciennes peuplées d'âmes. Mais surtout, il appartient à ce "nous" par lequel les gens de ce petit village se désignent et s'expriment. Une entité, une communauté solidaire qui l'inclue aussi et où le "je" n'existe pas. Village où la religion est importante, les saints patrons des agriculteurs ou des pêcheurs sont respectés comme les fêtes. Crabas se divise lorsque qu'il est décidé la création d'une nouvelle paroisse. L'unité n'existe plus, chacun défend sa paroisse et l'amitié des trois amis en est affectée.


    Comme dans Accabadora, Michela Murgia nous plonge dans la vie sarde avec ses traditions. Une Sardaigne où le temps s'introduit, les années 1990 sont citées mais qui garde tout ce qui fait son essence même. Les histoires anciennes peuplées de fantômes ou d'âmes tristes transmises oralement aux jeunes générations. La famille est celle que l'on se construit à Crabas dès l'enfance, l'appartenance au même quartier l'emporte sur le sang qui coule dans les veines. Pour Maurizio, fils unique, ces deux mois d'été sont uniques. Riches d'enseignement et de jeux où l'audace rivalise. Giulio et Franco sont tous deux enfants de choeur mais la création d'une nouvelle paroisse met à mal leur amitié tout comme l'ensemble de la population de Crabas.
    Il s'agit d'un roman initiatique où durant un été Maurizio va grandir. L'écriture de Michela Murgia s'est bonifiée avec ce second roman. Motsqui roulent sous la langue, qui charrient soleil et les traditions sardes. Seul regret, un livre un peu trop court hélas à mon goût.


  • Conseillé par
    5 janvier 2013

    Enfance sarde

    J'ai lu tant de bonnes choses sur Accabadora, le premier roman de Michela Murgia que je n'ai pas eu l'occasion de lire que je me suis ruée sur cette nouveauté, La guerre des saints.
    Et je comprends cet engouement en lisant ce si beau prologue sur la comparaison des liens familiaux et des amitiés de l'enfance.


    " Que soit toujours béni le respect pour la chair de notre chair, mais la rue et le fait d'avoir joué ensemble offrent aux enfants un lien de parenté plus étroit, qu'ils n'oublieront pas à l'âge adulte."
    Même si personnellement, je ne suis pas forcément d'accord sur le fond de cette phrase ( parce que j'ai une famille formidable), l'auteur démontre en quelques pages la véracité de cette affirmation.
    Maurizio passe toutes ses vacances chez ses grands- parents, dans le bourg de Crabas en Sardaigne. Fils unique, c'est pour lui l'occasion rêvée et tant attendue de s'amuser avec les garçons des rues voisines. Comme tant d'enfants de cet âge, ils font surtout les quatre cents coups grâce à une imagination renforcée par les histoires contées chaque soir par les vieux de Crabas.
    L'auteur nous plonge vraiment grâce à ses fines descriptions dans l'ambiance chaude des rues de ce bourg. Ici, la religion rythme la vie sociale par la commémoration de nombreux saints et l'importance de la paroisse de Santa Maria.
    Les petites aventures rapprochent les trois jeunes garçons, Maurizio, Giulio et Franco jusqu'à ce que l'unité de Cabras soit remise en cause par la décision de scinder la communauté en deux paroisses.
    Rivalités, bassesses des adultes qui influencent tous les habitants, même les enfants.
    Pourtant, ils se révèlent souvent plus intelligents que certains adultes.
    Quel dommage que ce roman soit aussi court.