- EAN13
- 9782381910352
- Éditeur
- Anamosa
- Date de publication
- 02/09/2021
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Autre version disponible
-
Papier - Anamosa 9,00
" Nous nous trouvons à un carrefour. Plus nous banaliserons les états
d'urgence démocratiques, plus nous assimilerons la liberté à la consommation,
plus nous trouverons confortable l'état de léthargie civique engendré par la
gestion gouvernementale des risques sociaux (sanitaires, financiers,
sécuritaires, climatiques...), plus l'émancipation s'effacera. " F. Tarragoni
Aujourd'hui comme avant, l'émancipation suscite chez certains la méfiance. Le
réflexe est bien connu : que ce soit dans le domaine du politique, de la
famille, de la sexualité ou du travail, les processus d'émancipation
conduisent, depuis l'avènement des sociétés modernes, à rompre avec un ordre,
avec une tradition pourvoyeuse de sécurités et de confort, et à les remplacer
par un saut dans l'incertain). Mais, notre actualité se singularise sur un
point : à ce discours anti-émancipation s'en conjugue désormais un autre, qui
vise au contraire à s'emparer du mot pour le détourner de son sens originaire.
C'est ainsi que l'émancipation est devenue l'un des maîtres-mots des
programmes de réformes néolibérales, que l'on trouve derrière l'éloge des
émancipés de la start-up Nation, la nécessité pour chacun de " se prendre en
main ", de devenir l'entrepreneur de sa vie, de se responsabiliser face à ses
échecs et d'assumer les risques de ses choix. Le danger existe donc que
l'émancipation devienne le maître-mot du retournement de la démocratie contre
elle-même, la clef-de-voûte de la novlangue exprimant la volonté de gouverner
sans le peuple.
Dans cet essai brillant, le sociologue Federico Tarragoni, après être revenu
aux origines latines du mot (l'emancipatio du mineur et de l'esclave) et à ses
évolutions sémantiques (émanciper/s'émanciper) au cours des XVIIIe et XIXe
siècles en particulier, tente d'arracher l'émancipation à l'oubli et au
dévoiement, afin que le mot demeure la quintessence de l'humanité, qu'il
continue à désigner ses aspirations vers un monde meilleur.
d'urgence démocratiques, plus nous assimilerons la liberté à la consommation,
plus nous trouverons confortable l'état de léthargie civique engendré par la
gestion gouvernementale des risques sociaux (sanitaires, financiers,
sécuritaires, climatiques...), plus l'émancipation s'effacera. " F. Tarragoni
Aujourd'hui comme avant, l'émancipation suscite chez certains la méfiance. Le
réflexe est bien connu : que ce soit dans le domaine du politique, de la
famille, de la sexualité ou du travail, les processus d'émancipation
conduisent, depuis l'avènement des sociétés modernes, à rompre avec un ordre,
avec une tradition pourvoyeuse de sécurités et de confort, et à les remplacer
par un saut dans l'incertain). Mais, notre actualité se singularise sur un
point : à ce discours anti-émancipation s'en conjugue désormais un autre, qui
vise au contraire à s'emparer du mot pour le détourner de son sens originaire.
C'est ainsi que l'émancipation est devenue l'un des maîtres-mots des
programmes de réformes néolibérales, que l'on trouve derrière l'éloge des
émancipés de la start-up Nation, la nécessité pour chacun de " se prendre en
main ", de devenir l'entrepreneur de sa vie, de se responsabiliser face à ses
échecs et d'assumer les risques de ses choix. Le danger existe donc que
l'émancipation devienne le maître-mot du retournement de la démocratie contre
elle-même, la clef-de-voûte de la novlangue exprimant la volonté de gouverner
sans le peuple.
Dans cet essai brillant, le sociologue Federico Tarragoni, après être revenu
aux origines latines du mot (l'emancipatio du mineur et de l'esclave) et à ses
évolutions sémantiques (émanciper/s'émanciper) au cours des XVIIIe et XIXe
siècles en particulier, tente d'arracher l'émancipation à l'oubli et au
dévoiement, afin que le mot demeure la quintessence de l'humanité, qu'il
continue à désigner ses aspirations vers un monde meilleur.
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