- EAN13
- 9782867422454
- ISBN
- 978-2-86742-245-4
- Éditeur
- Éditions Cendres
- Date de publication
- 15/01/2016
- Nombre de pages
- 16
- Dimensions
- 24 x 17 x 0,2 cm
- Poids
- 100 g
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Écrit à l'occasion d'une rétrospective de Romaine Brooks au musée Fortuny à Venise, François Chapon donne ici un beau récit de sa rencontre avec l'artiste, dont voici les premières lignes :
« Ce fut Natalie Barney qui me présenta à Romaine Brooks. Un vendredi, à coup sûr. Depuis un demi-siècle, elle recevait ce jour-là rue Jacob. Était-ce l’un des derniers grands vendredis où se pressait une foule de gens élégants, célèbres, spirituels, malveillants ? Par la suite, lorsque je revins, les réunions me parurent plus intimes, “moins courues” prétendaient par dépit ceux qui n’y étaient pas invités. En fait, la mort ébranchait peu à peu “l’arbre des visages” (Jouhandeau). Elle élargissait ses coupes parmi le groupe des familiers. J’avais été introduit par Renée Lang, une universitaire américaine. Elle savait que ma passion pour le poète Milosz serait le meilleur des passeports. On pénétrait dans la maison, au fond d’une cour, par une entrée latérale. Un vieux domestique, en livrée blanche, ouvrait la porte vitrée sans qu’on eut à sonner. Il servait aussi de chauffeur, je l’appris par la suite. Natalie, née “au temps des équipages”, lui enjoignait : « N’allez pas trop vite ! Au pas de promenade, au pas de promenade…” Elle était avisée : ce pochard finit une nuit, d’après un témoin, par exploser dans une dépendance où ses ivresses essayaient de dorloter d’indicibles chagrins… »
« Ce fut Natalie Barney qui me présenta à Romaine Brooks. Un vendredi, à coup sûr. Depuis un demi-siècle, elle recevait ce jour-là rue Jacob. Était-ce l’un des derniers grands vendredis où se pressait une foule de gens élégants, célèbres, spirituels, malveillants ? Par la suite, lorsque je revins, les réunions me parurent plus intimes, “moins courues” prétendaient par dépit ceux qui n’y étaient pas invités. En fait, la mort ébranchait peu à peu “l’arbre des visages” (Jouhandeau). Elle élargissait ses coupes parmi le groupe des familiers. J’avais été introduit par Renée Lang, une universitaire américaine. Elle savait que ma passion pour le poète Milosz serait le meilleur des passeports. On pénétrait dans la maison, au fond d’une cour, par une entrée latérale. Un vieux domestique, en livrée blanche, ouvrait la porte vitrée sans qu’on eut à sonner. Il servait aussi de chauffeur, je l’appris par la suite. Natalie, née “au temps des équipages”, lui enjoignait : « N’allez pas trop vite ! Au pas de promenade, au pas de promenade…” Elle était avisée : ce pochard finit une nuit, d’après un témoin, par exploser dans une dépendance où ses ivresses essayaient de dorloter d’indicibles chagrins… »
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