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    9 novembre 2012

    An Béal Bocht *

    Huitième opus des aventures de Jack Taylor dans sa bonne ville de Galway.
    Encore Galway....car Jack Taylor avait décidé de quitter l'Irlande et de tenter sa chance, comme beaucoup de ses compatriotes, aux États-Unis. Mais ce projet a avorté avant l'embarquement dans l'avion.....quelques verres à l'aéroport et une rencontre pour le moins inquiétante, un dénommé Kurt avec un K qui deviendra un cas de malheur.
    Il faut soigner le mal par le mal, donc ne tends pas l'autre joue, cognes d'abord.


    Jack Taylor est-il soudainement devenu contagieux....on pourrait le penser, car la plupart des gens qu'il côtoie décède dans des conditions pour le moins désagréables! C'est bientôt Galway morne plaine, les croix celtiques sont de sortie dans les cimetières, les pompes funèbres sur des charbons ardents! Et Jack Taylor dans l'épicentre mortel de ce qui semble être un projet le visant personnellement! Une employée de l'aérogare, une charmante serveuse de pub, Irlandaise de surcroît, chose remarquable, un étudiant que Jack devait retrouver....qui peut bien en vouloir à notre héros à ce point là ? Puis c'est Peg, une Tinker, qui meurt dans l'incendie de sa caravane, puis un prêtre retrouvé mort pendu dans son église....
    Je ne vais pas encore refaire les présentations pour Jack Taylor, qui est encore une fois égal à lui-même!
    Sa grande amie Ridge Nì Iomaire, lesbienne, gaélisante, Ban Garda, ex-collègue de travail, désormais mariée!
    Steward ex-dealer et dernier ami de Jack, de très rares flics désabusés, des parvenus sans scrupules, bref le monde tel qu'il est devenu!
    Monsieur K ou Carl pour les intimes est l'incarnation du mal absolu, donc on le retrouve partout et surtout où personne ne le souhaite! Et les dégâts sont vite évidents.
    Comme d'habitude avec la série Jack Taylor, beaucoup de références littéraires, ici avec quelques-uns de ses collègues auteurs de romans noirs : Cathy Unsworth, Adrian McKinty et Seamus Smyth, ce dernier bon romancier peut-être, mais homme de peu d'éducation qui ne sera plus le bienvenu au festival du Goéland Masqué de Penmarc'h. La langue gaélique est aussi mise en valeur, encore plus que de coutume, et en particulier dans les pages avec Peg.
    Ayant fini ce roman, force est de constater, il y avait eu une discussion à ce sujet ici, qu'il est impératif de lire tous les Jack Taylor (ce qui paraît évident) et surtout dans l'ordre. En effet Ken Bruen revient à son second roman "Toxic Blue" qui se déroulait dans le milieu des "Tinkers", ces vagabonds irlandais.
    Comme à son habitude Ken Bruen y va qu'un grand coup de nostalgie sur l'Irlande ancienne, celle d'avant l'argent facile, où servir une Guinness dans un pub était une œuvre d'art! Mais cela ne l'empêche pas d'éreinter les Magdalene Houses et les Patricians Brothers, institutions catholiques qui, avec la bienveillance de l'état, ont broyé des milliers d'enfants des deux sexes!
    La morale de ce livre est, et j'en suis désolé Jack, c'est que le mal est éternel!
    * Phrase irlandaise que l'on pourrait traduire par "Avoir la gueule de bois", ou "Avoir la bouche pâteuse" Ken Bruen l'emploie pour la situation des Irlandais actuellement.
    Un roman de Flann O'Brien porte ce nom : An Béal Bocht, no an Milléanach traduit en français sous le titre de "Le Pleure-Misère".