Basile et Massue

Arnaud LE GOUËFFLEC

Sixto

  • Conseillé par
    3 novembre 2015

    Nuits d’ivresses, de tristesses !

    Auteur que je croise souvent dans les différents salons littéraires de la région, mais que je n’ai pas encore lu ! Il faut un début à tout.
    Troisième roman de cette jeune maison d’éditions de Bretagne que je lis, et comme les autres, excellent lui aussi !
    Ils étaient quelques drilles (je ne pense pas que l’adjectif joyeux soit le plus approprié !), copains d’ivresse et de solitude. Ils aidaient Bison, le tenancier du « National », à boire son fonds de commerce.
    La vie n’était pas forcément des plus exaltantes, mais ils la vivaient… bon gré mal gré, l’amitié de bistrot remplaçait beaucoup de choses. L’alcool aidant à effacer ce qu’il fallait oublier, la solitude, le mal de vivre, le monde extérieur à leur bistrot habituel, où ils semblent inadaptés.

    Vaille que vaille les jours passaient, Massue, ancien marin, colosse débonnaire, est un des derniers à rejoindre les piliers ! Sans le savoir et sans le vouloir, il va être le fossoyeur de ce monde !
    Il a pour collègue de travail un dénommé Firmin, séducteur alcoolique prompt à foutre le bordel. Il sera assassiné et les soupçons se porteront sur Massue…
    Apparaît aussi Jussieu, ancienne connaissance de Massue, ennemi intime de celui-ci pour une histoire de femme et de mort aux temps anciens !
    La dégringolade générale se poursuit, inexorablement, certains meurent, d’autres s’enfoncent de plus en plus … et toujours Jussieu, témoin muet, qui poursuit sa vengeance…
    Un décor omniprésent, une ville portuaire avec tout ce que cela représente de mystère et de fantasmes.
    Basile est le narrateur de cette histoire baignant dans l’ambiance très particulière d’un bistrot à l’ancienne noyé dans la brume et les vapeurs d'alcool !
    Massue, c’est son grand pote, son alter-ego et pourtant par certains côtés son opposé. Ils font la fête et plus, car ils ont certaines affinités ensemble jusqu’au bout de la nuit et parfois plus.
    Il apprécie aussi Luciole qui fait figure d’intellectuel dans la bande. Il y a aussi M. Mireille, le boucher qui travaille chez son frère… par charité, pense sa belle-sœur. C’est en effet un très gros buveur… parmi les gosiers en pentes ! La seule femme, c’est Fernande, épouse pour le pire de Bison, elle assiste impuissante à la longue déchéance du groupe et du bistrot !
    En ombres maléfiques, Firmin, vieux beau alcoolique qui sera assassiné. Il y a surtout un témoin malveillant Jussieu, silhouette vêtue de sombre, sèche et maigre ! Et qui pourtant effraie le colosse Massue !
    Son apparition sonne le glas d’une époque.
    Atmosphère atmosphère, celle merveilleusement rendue d’une tragédie moderne ! L’ivresse et la mort ! La vengeance et l’amitié.
    Un style d’écriture que j’ai beaucoup aimé, avec des descriptions des êtres et des soirées de ripailles qui s’intègrent dans l’histoire sans l’alourdir.
    Encore une découverte !
    Une des plus belles phrases du livre à mon goût :
    - L’ivresse est un monde clos, qui s’ouvre par en haut sur les étoiles.