La foire aux vanités, Souvenirs du Festival de Cannes
EAN13
9782701400433
Éditeur
Hors collection
Date de publication
Langue
français
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La foire aux vanités

Souvenirs du Festival de Cannes

Hors collection

Indisponible
Le festival de Cannes vu par le petit bout de la lorgnette et raconté avec
verve et humour par un fin connaisseur du monde du cinéma. Indiscrétions et
potins mondains garantis !
Pandémonium est un néologisme inventé à la fin du XVIIe siècle par le poète
anglais John Milton pour désigner un lieu où règnent chaos, confusion, vacarme
et fureur. Autrement dit un enfer. Pour l'avoir fréquenté pendant plus de
trente ans ans, je peux du haut de ma modeste légitimité témoigner que le
festival de Cannes est un parfait pandémonium où bien des démons s'agitent.
Une foire aux vanités qui est aussi un bûcher.
Mais d'expérience, il s'avère que cet enfer est aussi un paradis. Le paradis
des films bien évidemment mais aussi le paradis d'une vie quotidienne
littéralement extraordinaire : celle du festivalier qui, glissé dans une
identité très provisoire, Grande Duchesse du cinéma ou Manant de la critique,
habite une Principauté d'opérette (Monaco est à un jet de Riviera) où le
comique le dispute au tragique, les coups fourrés aux coups de cœur, les
bonnes blagues aux crises de nerfs. Etre citoyen du Festival de Cannes, c'est
osciller sans cesse entre crise de nerfs, fous rires puissants et joie de
vivre –; somme toute des grandes vacances, comme une parenthèse enchantée et
maléfique, hors norme, hors de soi et parfois hors la loi.
Entre Mission Impossible et Marx brothers, c'est le récit de ces vacances en
Festival, que je voudrais entreprendre. Un " roman " parallèle, marginal et
underground. Au hasard des souvenirs, bons ou mauvais, des anecdotes,
hilarantes ou à pleurer, mais sans aucune nostalgie. Chaque année on peste
d'aller au Festival, chaque année on est ravi d'y être. Jusqu'au jour où,
c'est juré ! on n'y mettra plus jamais les pieds. Jusqu'à la prochaine fois.

Anecdote
En mai 1988, à l'occasion de la présentation à Cannes de son nouveau film
Bird, consacré au jazzman Charlie Parker, ma collègue Marie Colmant et moi-
même décrochons pour Libération une interview exclusive de son réalisateur
Clint Eastwood.
Il aurait sans doute été plus simple de rencontrer le président des Etats-
Unis. Rendez-vous top secret avec l'attachée de presse dans le hall de l'hôtel
Carlton ; exfiltration par les cuisines ; porte dérobée sur une rue adjacente
; limousine noire à verres fumés ; départ en trombe vers l'hôtel Eden Roc du
cap d'Antibes où sont logées les super stars. " Ça manque un peu de gyrophares
et de motards ", commente Marie.
Arrivés sur place, nous sommes réceptionnés par trois gardes du corps en
lunettes noires et oreillettes, qui, après un brin de fouille corporelle, nous
accompagnent vers un coin retiré du parc de l'hôtel. Nous pénétrons dans le
sanctuaire dit des " cabanas ", paradis pour milliardaires avec crique privée
et cabanon de luxe. Eastwood nous y attend, cordial et sympathique comme si on
s'était quittés la veille.
L'entretien commence. Mais au bout d'un quart d'heure, un gros animal
s'interpose entre nous et la vue sur mer, avant de détaler. " Tiens, un lièvre
", dit Marie à voix basse. Euh, non Marie, ce n'était pas un lièvre mais un
rat, énorme, dodu à souhait, palace oblige. Nous n'osons pas en parler à
Eastwood. Mais, intrigué par notre conciliabule, il nous en demande la raison
et nous lâchons le morceau. " Un rat ? commente Clint Eastwood plus cool que
jamais. Dommage que vous ne m'ayez rien dit, j'ai toujours un flingue à portée
de main. "
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