Un beau soir l'avenir
EAN13
9782845622548
ISBN
978-2-84562-254-8
Éditeur
La Passe du vent
Date de publication
Collection
RECIT
Nombre de pages
113
Dimensions
20,5 x 14 x 0,8 cm
Poids
168 g
Langue
français
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Un beau soir l'avenir

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La Passe du vent

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LE LIVRE [Extrait] :C’est ma vie et c’est moiDonc, ça y est, c’est fait. Je suis parti. J’ai franchi le porche de l’entreprise pour la dernière fois. Il est probable que j’ai donnéun coup d’oeil dans le rétroviseur de ma voiture pour voir danser à l’envers les lettres rouge fluo de l’enseigne du Journal, maisje ne m’en souviens pas vraiment. Pas plus que je n’ai en mémoire l’état d’esprit qui était le mien au cours du trajet jusqu’à lamaison.Je reprends mon carnet de l’époque. « Mercredi 30 juin. Quelle drôle de date ! Ce soir, j’arrête. Ce soir, je passe à autrechose. À quoi ? Bien difficile de le dire avec exactitude. J’écris seul à la cuisine. À travers la baie donnant sur la cour, j’entendsle chant pur d’un oiseau. Mélange de frénésie et de crainte. Je perçois un choc dans la rue. Un carambolage sans doute ». Ilétait huit heures trente lorsque j’ai noté ces mots. À mon retour, à minuit moins le quart, j’en rajoutais sept : « J’ai quitté leJournal ce soir. Torpeur ».Nous sommes aujourd’hui à la mi-novembre. Je compte sur mes doigts comme un gosse : voilà un peu plus de quatre moisqu’a débuté ma « nouvelle vie ». Ce fut, en effet, l’expression la plus fréquente dans les multiples messages que j’ai reçus. Jen’étais dupe de rien. Je n’avais pas l’impression d’avoir vécu un avant. Il ne me semblait pas qu’un après commençait. Toutjuste étais-je un peu chancelant comme lorsqu’on a trop bu. Certes, j’avais sifflé quelques verres lors du pot de départ maissans excès, je dirai pourquoi un peu plus loin. Et puis « chancelant » n’est peut-être pas le bon terme. J’avais plutôt le sentimentd’être suspendu à un fil à la manière d’une figurine aux mains d’un marionnettiste maladroit et las.J’avais passé près d’une trentaine d’années au Journal. Grandeur et servitude. Joies et peines nouées. Vrai(e)s ami(e)s etsimples collègues. Tout au début, ce fut la locale. Comptes rendus d’associations, accidents de la route, main courante ducommissariat, conformisme de bon aloi, pas de vagues avec les notables. Mais je ne vais pas m’étendre. Tout a été écrit sur ceboulot de copiste moderne, sur cette atmosphère provinciale d’almanach, sur ce spleen en Corrèze ou ailleurs. […]
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