Musique et poésie inspirées de miniatures de l'école de kangra

Garamond

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7 décembre 2016

Musique, miniatures et poésie

Inspiré de miniatures indiennes du XVIIIe siècle de l'École de Kangra et de la tradition lyrique de la Gita Govinda, Les Amours de Râdhâ offre au lecteur un ensemble composé de partitions musicales (Six pièces pour piano) de Frédéric Ligier, et de dix-neuf textes poétiques (Jeux de l'amour au bois) écrits par Annick Le Scoëzec Masson. Celle-ci en a rédigé la préface. L'ouvrage comprend également une postface de Jean-Claude Masson.

En espagne et au mexique

Garamond

18,00
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29 mai 2014

Thérèse, Baltasar, Juana, trois chemins du Siècle d'or

« Lointain descendant de l’Âge d’or commun à toutes les cosmologies, le mythe du Siècle d’or espagnol est d’une prodigalité inépuisable. J’ai suivi ses pistes depuis cinquante ans, dans les livres comme sur les chemins de l’Espagne et du Portugal, du Mexique et de l’Amérique centrale, ou encore de cette vaste région des États-Unis – de l’Arizona au Nevada, de la Californie au Texas – qui fut territoire espagnol jusqu’au XIXe siècle.
L’Empire espagnol des Habsbourg fut la première monarchie à l’échelle planétaire : une nouveauté historique absolue. À partir de leur village suisse originel, entre Zurich et Bâle, les Habsbourg se sont taillé un domaine incommensurable sur quatre continents, dont l’Amérique depuis le Colorado jusqu’à la Terre de Feu – avec des siècles d’aventures en perspective...


Les hasards de l’édition m’ont donné l’occasion de me pencher plus particulièrement sur l’œuvre et la vie de trois figures littéraires de cette période.
La première, Thérèse d’Avila, naquit en 1515 (à l’époque du couronnement de Charles Quint) ; la troisième, Sor Juana Inés de la Cruz (Jeanne Agnès de la Croix), mourut vers 1695, peu avant le décès de Charles II, l’anarchie des derniers Habsbourg et la guerre de la Succession d’Espagne. Entre les deux, Baltasar Gracián vécut entre 1601 et 1658 (victoire de Turenne sur les Espagnols à la bataille des Dunes), juste au milieu du XVIIe siècle. » (J.-C. M.)

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9 février 2012

"91 poètes et le siècle qui expire", Juan Goytisolo à propos des Saisons brûlées de Jean-Claude Masson

Dans le panorama désespérément gris de la poésie française actuelle – une grisaille fomentée par la médiocrité d’une critique incapable de distinguer le texte littéraire d’un produit éditorial, ainsi que par le mauvais goût infaillible de la majorité des professionnels du compte-rendu, la publication d’une œuvre sans marque de fabrique et sans l’aval de quelque pontife (ou de quelque tartufe) du bouillon de culture institutionnel, risque de passer inaperçue. Le bon grain, recouvert par des monceaux de paille, est difficile à trouver dans notre univers médiatique, où la clarté d’une voix est souvent étouffée par la criaillerie et où, comme le signalait Gabriel Zaïd dans cette même revue, la qualité est fort démunie contre le bruit.

C’est pourquoi la publication d’un livre comme Les Saisons brûlées. Tombeaux pour un siècle de Jean-Claude Masson – qui a traduit une bonne part de l’œuvre d’Octavio Paz – réconforte le lecteur et compense tout le temps perdu à séparer la vraie parole poétique des fatras d’écriture médiocre (...).

Les 91 poèmes qui composent le livre de Jean-Claude Masson évoquent le destin de 91 poètes de ce siècle qui expire, un destin qui condense l’histoire de l’Europe et des Amériques et les tempêtes qui l’ont frappée. Comme le dit un de ces poèmes, centré sur le Rubén Darío crépusculaire de 1916 :

"Le siècle entame sa carrière dans le

sang

- l’ère s’annonce carnassière –

et j’achève ma course.

Je suis revenu au pays de Nulle Part,

dans une luxuriance lasse, la verdeur

moite qui énerve."

La conception de l’œuvre de Masson est excellente et ne se limite pas (...) à une stricte chronologie. Les poètes choisis sont au nombre de quatre-vingt-onze, non de cent, et Jean-Claude Masson les situe généralement à un moment précis – souvent dramatique – de leurs vies : Machado sur le chemin de l’exil définitif ; Ezra Pound emprisonné à Pise, comme Soupault à Tunis ; Marina Tsvétaïeva contrainte au silence à son retour en URSS ; Danilo Kis et son très sombre pressentiment de la fin de la Fédération yougoslave… Il serait vain d’arguer que tous les poètes retenus ont la même valeur. Car le propos de Jean-Claude Masson n’est pas là : il s’agit de capter toutes ces vies éphémères et la destinée à laquelle elles furent confrontées. L’histoire du siècle apparaît alors en filigrane, avec toutes ses illusions, ses ferveurs, ses violences, ses horreurs. Le vers de Jean-Claude Masson est presque toujours heureux, étranger à toute rhétorique. De poème en poème, nous voyageons dans le temps et dans l’espace : du Mexique de Salvador Díaz Mirón à la Catalogne de J. V. Foix, du Paris des surréalistes et du Pétersbourg d’Anna Akhmatova à la plage d’Ostie où l’on retrouva le crâne fracassé de Pasolini. Les visions se succèdent comme dans un kaléidoscope. Ce qui aurait pu devenir un traité sur le destin du poète au XXe siècle, se transmue ainsi en fulgurance, grâce à l’alchimie de Jean-Claude Masson.

Juan GOYTISOLO : « 91 poèmes sur le siècle qui expire » (à propos des Saisons brûlées de Jean-Claude Masson), article paru dans Le Carnet et les instants, Bruxelles, n° 117, 15 mars-15 mai 2001, traduction de « Galería y destino », paru dans Letras Libres (Mexico), n° 22, oct. 2000.

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29 janvier 2012

Dieu créa le monde en automne

Après les Saisons brûlées des poètes du XXe siècle, destins condensant les convulsions de ce fragment de l’histoire du monde occidental, le dernier livre de poèmes de Jean-Claude Masson revient à la chronique tumultueuse et aux riches heures des monastères de jadis. Mais s’il peut apparaître comme un lointain écho, très contemporain, des récits de Jacques de Voragine, une nouvelle légende dorée des frères prieurs ou bâtisseurs, fondateurs des ordres de la chrétienté, le Livre d’heures du bois d’automne se veut avant tout méditation lyrique sur les Psaumes et dialogue avec d’autres poètes en quête de spiritualité. Aussi cette « hagiographie » problématique, et à rebours de notre temps, interroge-t-elle de manière poignante la réalité de notre époque qui ne veut plus trop savoir ce qu’elle fut, ni qu’elle fut par l’esprit.

De saint Augustin à Hildegarde de Bingen ou Cyprien de Kiev, de Bernard de Clairvaux à Thérèse d’Avila, pour n’en citer que quelques-uns, sans oublier les anonymes dont l’existence fut aussi une chrysalide d’espérance et d’humilité, sont convoqués tous ceux qui avaient compris « l’urgence de l’appel », « le présent pur de la divinité », l’art de savourer chaque détail du monde sensible comme un gage d’éternité.
Ces évocations sont ponctuées d’exhortations à retrouver la faculté perdue sans laquelle notre vie risque de sombrer dans la destruction ou l’insignifiance : « Si vous ne désirez pas Dieu jusque dans votre / quignon de pain, vous ne le verrez mie, / non plus que dans votre prochain » (Poème 103).
Ainsi, après les fougues parfois cruelles du printemps (Le Testament du printemps, Gallimard, 1991) et les brûlures de l’été (Les Saisons brûlées, tombeaux pour un siècle, Garamond, 2000), Jean-Claude Masson nous suggère-t-il avec cette longue évocation de la spiritualité du Moyen Age, et les questions qu’elle nous pose encore, que, peut-être, « Dieu créa le monde en automne ».

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10 janvier 2012

L'Histoire dans Esplanade Avenue

Il y a donc deux histoires dans ce livre : celle qui s’écrit sous nos yeux, en devenir même ; et l’histoire au passé, qui s’achève avec les bruits de bottes que le protagoniste de Thomas Mann, Hans Castorp, entend confusément lorsqu’il redescend de La Montagne magique pour se jeter dans la mêlée de 1914.
En alternance, sur un mode moins tragique, le lecteur découvrira, chemin faisant, La Nouvelle-Orléans à l’aube du second millénaire, dans la rue du marché français, par exemple, avec ses huîtres (plates et douces) et son poisson-chat - que l’on vous sert, de succulente façon, à l’hôtel Monteleone, une des adresses préférées de Tennessee Williams...
Car l’art de vivre et la cuisine occupent aussi leur place, toute leur place, dans ce roman des deux mondes et des trois temps. L’auteur nous en donne à cœur-joie, de la gastronomie sans complexe, des mets les plus simples aux préparations les plus délicates, aux recettes rares, aux ingrédients barbares... C’était encore plus vrai quand Paris était « la capitale du XIXe siècle » (Baudelaire) et la « capitale des peuples » (Victor Hugo). Notre cicerone n’est autre que le baron de Kervadeuc, décadent à souhait, haut en couleur comme un personnage de Barbey, qui connaît comme sa poche les dernières brasseries en vogue, comme les dernières guinguettes où l’on peut encore souper entre milords et gourgandines. Mais il sait (ou plutôt, il sent) combien ces jours-là sont comptés. À l’égal de Marvillèse - le roturier, le rapin sans le sou, l’obscur -, Kervadeuc, le dernier des barons - comme il y eut, de l’autre côté de l’océan, le dernier des Mohicans - sait bien que l’Europe « aux anciens parapets » jette ses derniers feux, ses dernières forces, brûle ses derniers vaisseaux avant le cataclysme qui se trame dans l’ombre. Dans Esplanade Avenue, le destin de l’Europe comme du sud des États-Unis, d’un millénaire à l’autre, d’un château l’autre, est suspendu à un fil... (Cf. "Dans le Sud en allé", Lettres d'Extremadoure).